Le passeur (ou nautonier) apparaît pour la première fois dans Dracula II : Noroi no Fuuin sur Famicom Disk System / Simon’s Quest sur NES, situé en 1698. On ne le reverra plus avant Akumajō Dracula X : Chi no Rondo (ou Rondo of Blood) sur PC-Engine (ainsi que dans son remake The Dracula X Chronicles sur PSP, mais pas dans l’adaptation sur Super Famicom / Super Nintendo) dont l’action se déroule en 1792, puis dans sa suite Gekka no Yasoukyoku / Symphony of the Night sur Playstation et Saturn se passant en 1797 – soit un bon siècle après l’aventure de Simon Belmont ! – et enfin dans Akumajō Dracula : Mokushiroku Gaiden – Cornell no Densetsu / Legacy of Darkness sur Nintendo 64, supposé avoir lieu en 1844 quant à lui.
Dans chacun des épisodes où on le voit, ce personnage aide le héros à traverser une étendue d’eau, que ce soit la Rivière de la Mort sur la console 8-bits de Nintendo, le lac bordant les aqueducs de Castlevania dans le niveau 2’ ou celui souterrain du stage 4’ sur PC-Engine, et la très probable même caverne sur machines 32-bits, sans oublier qu’il mène le loup-garou Cornell au bateau fantôme. Nul ne sait s’il s’agit de la même créature à chacune de ses apparitions – ce qui en ferait quelqu’un d’immortel si tel était le cas – mais toujours est-il que son origine revient très probablement à Charon (parfois appelé Caron), le nocher du Styx (c’est-à-dire la rivière menant aux Enfers dans la mythologie grecque), à la différence que dans Castlevania ce personnage ne réclame aucune obole au voyageur pour l’emmener à destination, pas plus que transporter des mortels ne l’effraie (les défunts devaient payer Charon entre une et trois pièces d’or, et les rares vivants ayant pu profiter de sa barque comme Héraclès ou Orphée durent user de la force ou le charmer).
Charon vu par le peintre espagnol José Benlliure y Gil dans son tableau La Barca de Caronte (1919)
Dans Simon’s Quest, il faudra montrer au passeur le cœur de Dracula pour qu’il envoie le Belmont vers le manoir de Brahms, faute de quoi il enverra le héros ailleurs ; dans Rondo of Blood, il permet à Richter ou Maria d’éviter d’aller au bout des aqueducs (et jusqu’au boss) et il est même généreux à plusieurs reprises si le passager remonte sur son embarcation dans la caverne souterraine ! Dans Symphony of the Night, Alucard doit être équipé de la statue de la Sirène pour que le nautonier ouvre une porte sous-marine le menant à une relique lui permettant d’être immune à l’eau. Peu bavard, le passeur marmonne tout au plus au héros qu’il va l’emmener dans un bon endroit ou à la rencontre de son destin en ricanant. Ainsi, son côté bon samaritain associé à sa nature réelle qu’il dissimule sous une grande cape à capuche renforce l’aspect mystérieux du personnage.
Le passeur dans chacune de ses apparitions (de haut en bas et de gauche à droite) : dans Simon’s Quest, Rondo of Blood, The Dracula X Chronicles, Symphony of the Night et Legacy of Darkness
Plutôt neutre qu’au service des forces du Mal, le passeur est loin d’être anecdotique ; ce n’est pas pour rien si c’est lui et personne d’autre qu’Alucard peut apercevoir en jetant un coup d’œil dans la longue-vue située tout en bas du mur extérieur de Castlevania dans Symphony of the Night, preuve que ses allées et venues doivent être régulièrement surveillées du château démoniaque de manière à connaître l’identité des voyageurs qu’il y transporte en douce ! Enfin, l’analogie avec Charon transportant les morts aux Enfers laisse sous-entendre l’idée que le passeur mène les héros de Castlevania dans un endroit similaire…