John Morris est l’un des héros de Castlevania : The New Generation sur Megadrive aux côtés d’Eric Lecarde. Dans cet épisode dont l’action se déroule en 1917, il parcourt l’Europe du château de Castlevania en Roumanie jusqu’à celui de Proserpine en Angleterre pour empêcher la résurrection de Dracula fomentée par la nièce de ce dernier, la Comtesse Elizabeth Bartley, et parvient à remplir sa mission en franchissant tous les obstacles grâce au fouet Vampire Killer dont il est l’héritier.
John Morris a tout d’un Belmont !
Cependant, il existe des points de discorde quant à ses origines. S’il est présenté dans la notice à la fois comme le fils de Quincey Morris, c’est-à-dire l’homme qui tua Dracula en 1897 à la fin du roman de Bram Stoker, et un descendant de la famille Belmont, le mode d’emploi américain précise qu’il a assisté enfant au combat entre son père et le Comte en compagnie de son ami Eric, et que cet évènement changea leur vie à jamais, jurant alors de débarrasser le monde des créatures maléfiques, tandis que le manuel européen raconte que John s’est battu nuit et jour contre les vampires pour respecter la tradition de la famille Belmont. Autrement dit, on peut comprendre que si d’un côté de l’Atlantique le héros choisit de plein gré d’embrasser son destin de protecteur de l’humanité, de l’autre il semble subir le sacerdoce familial au prix d’un entraînement quotidien sans possibilité d’y échapper.
La présentation du héros à l’écran de sélection des personnages est très brève !
D’ailleurs, on pourra en parallèle s’interroger sur la pertinence des titres occidentaux du jeu, Bloodlines aux USA semblant définitivement enfermer John (et Eric) dans une stricte généalogie et par extension un destin déjà écrit, alors que The New Generation donne plutôt la perspective de personnages affirmant leur propre identité et étant maîtres de leurs choix sans renier leur héritage familial pour autant… Quant au titre original japonais, à savoir Vampire Killer, il est ambigu : il peut désigner à la fois le fouet éponyme – présenté sous ce nom comme l’arme ancestrale de la famille Belmont pour la première fois de la licence alors que les jeux antérieurs parlaient de Mystic Whip – ou simplement comme le rôle de ce héros de cet unique épisode sur Megadrive, littéralement « Tueur de Vampire(s) ».
En fait, le jeu lui-même semble accréditer cette thèse, John Morris y étant simplement présenté comme un chasseur de vampires devant accomplir sa destinée, ni plus ni moins ! Ainsi, sa filiation exacte avec les Belmont n’est pas aussi limpide qu’on le voudrait et son changement de patronyme n’est pas expliqué outre mesure, bien que la volonté de Konami de lier sa licence vidéoludique à l’œuvre littéraire ayant créée le personnage de Dracula (peut-être pour lui donner davantage de légitimité ?) semble évidente ici.
Un chasseur de vampires gaucher mais pas gauche !
Dans Portrait of Ruin sur DS dont l’action se déroule en 1944, le producteur et scénariste Koji Igarashi (alors aux commandes la licence) tente de clarifier les origines des Morris et leurs liens effectifs avec les Belmont en racontant que les deux familles ont certes des liens de sang mais que seuls les Belmont sont les propriétaires légitimes du Vampire Killer et que seule la pureté de leur lignée est à même de révéler le véritable pouvoir du fouet ancestral sans en mourir, chose que John Morris fût du coup incapable de faire dans The New Generation et dont il finira par succomber après avoir vaincu le Prince des Ténèbres.
Seule la puissance maximum du Vampire Killer peut-elle vaincre les Ténèbres ?
Ainsi, IGA présente John Morris et son fils Jonathan (l’un des héros de Portrait of Ruin) comme les gardiens du Vampire Killer en l’absence des Belmont mystérieusement disparus depuis Richter et incapables de toucher le fouet magique jusqu’en 1999, année ou Julius (le dernier représentant connu de la famille) parviendra à terrasser Dracula définitivement et à enfermer Castlevania dans une éclipse comme expliqué dans Aria of Sorrow sur Game Boy Advance ! Beaucoup de fans de la licence ne manqueront pas de noter que si la simple distinction entre Morris et Belmont peut tenir debout, la volonté d’IGA d’enrichir à ce point l’histoire du Vampire Killer en devient trop fantaisiste et brouille davantage les pistes qu’elle ne clarifie les choses une bonne fois pour toutes…
En conclusion, qu’il soit considéré comme un descendant direct des Belmont ou l’un de leurs avatars simple gardien temporaire du fouet magique et chasseur de vampires alternatif, John Morris n’en demeure pas moins un héros aussi digne de ce titre qu’un Trevor, Christopher, Simon ou Richter avant lui pour avoir vaincu Dracula en empêchant sa résurrection, protégeant ainsi à sa mesure le monde en proie aux forces du Mal. Autrement dit, son unique apparition dans The New Generation ne le rend pas moins important que d’autres personnages ayant eux bénéficié de plus d’épisodes pour construire leur légende, mais limite juste sa popularité de chasseur de vampires…