Maria Renard est le second personnage féminin jouable à apparaître dans Castlevania après Sypha Belnades. Elle est toujours liée à Richter Belmont car c’est lui qui la sauve dans Akumajō Dracula X : Chi no Rondo (plus connu sous le titre Rondo of Blood chez nous) sur PC-Engine, dans son adaptation sur Super Famicom Akumajō Dracula XX (ou Vampire’s Kiss sur Super Nintendo en Europe) en 1995, ainsi que dans son remake The Dracula X Chronicles sur PSP en 2007. Maria Renard cherche à rendre la pareille à son sauveur dans Gekka no Yasōkyoku (c’est-à-dire Symphony of the Night chez nous !) sur Playstation et Saturn en 1997 mais elle n’y a qu’un rôle secondaire, étant uniquement jouable sur la console de Sega (puis d’une façon remaniée dans la version du jeu incluse sur PSP). En 2006, elle fait un caméo en compagnie de Richter dans Gallery of Labyrinth (ou Portrait of Ruin en Occident) sur DS ; elle figure parmi les protagonistes de l’internet radio drama Akumajō Dracula X : Tsuioku no Yasōkyoku (lequel fait suite à l’épisode 32-bits) en 2008 ; enfin elle est l’un des personnages jouables de Judgment sur Wii la même année (en 2009 chez nous) et de Harmony of Despair sur le XBLA en 2010 (puis sur le PSN l’année suivante) sans oublier qu’elle fait une apparition dans Castlevania Puzzle : Encore of the Night sur système iOS en 2009.
En 1792, le sorcier Shaft ressuscite Dracula qui – non content de semer mort et désolation en Transylvanie – décide d’enlever quatre jeunes femmes (dans Rondo of Blood et The Dracula X Chronicles) parmi lesquelles se trouve Maria. Elle sera la première à être délivrée par Richter alors que le sbire du Comte lui pressent un grand pouvoir avant de disparaître. Le sorcier ne s’y trompe pas malgré le jeune âge de Maria, la fillette se présentant à son sauveur comme un chasseur de vampires ! On notera au passage que Richter rit de cette déclaration apparemment fantaisiste et poursuit l’aventure seul sur PC-Engine tandis que la petite fille lui fait la démonstration de ses pouvoirs sur PSP (lesquels sont apparemment débloqués par Shaft), aussi le Belmont ne peut alors que la croire. Le joueur a ensuite le choix de poursuivre l’aventure avec Maria ou bien d’alterner avec Richter s’il le souhaite (mais seul un game over permet de changer de personnage).
Aussi curieux que cela puisse paraître, Maria se bat à l’aide d’animaux : un couple d’hirondelles en arme principale, mais également un chat blanc (qui court tête baissée vers les ennemis), une tortue noire (dont la carapace permet à la fillette de se protéger), des rouges-gorges (qui se déploient en diagonales vers le haut), un bébé dragon (qui fait beaucoup de dégâts sur son passage rien qu’en traversant l’écran horizontalement), un œuf (donnant naissance à une multitude d’oisillons), et un livre de chant (qui lui permet de blesser les adversaires devant elle par le son de sa voix !) en guise d’armes secondaires. Si l’on ajoute à cela les capacités de faire des double-sauts, des glissades, et même un coup spécial appelé Guardian Knuckle (qui lui permet de projeter un esprit frappeur diablement efficace en avant), Maria Renard se révèle être bien plus puissante que Richter, la seule contrepartie étant sa santé fragile, à l’image de Sypha Belnades qui est le personnage jouable le plus fort d’Akumajō Densetsu sur Famicom ou Dracula’s Curse sur NES.
En outre, on notera que les cut-scenes avec la fillette au lieu du Belmont sont plutôt amusantes et légères dans Rondo of Blood, qu’il s’agisse de délivrer les autres jeunes femmes (la nonne Tera la prend pour un ange, Iris – étant fille de médecin – la soigne tout comme Richter, et Annette se languit de ne pas être plutôt sauvée par son soupirant) ou de dialoguer avec Dracula à la fin du jeu, la petite fille ne comprenant rien aux propos du Prince des Ténèbres et persistant seulement à dire qu’il est méchant et doit être puni !
Par ailleurs, on constate que les différentes versions d’une même histoire modifient certains éléments, à commencer par Vampire’s Kiss ; en effet, seules Maria et Annette sont à délivrer dans cet épisode (elles sont même sœurs pour l’occasion tout en perdant le nom de famille Renard) mais la fillette ne participe plus à l’aventure activement comme dans Rondo of Blood. Quant à The Dracula X Chronicles, le changement y est encore plus radical car la blondinette pleine de vie et de fantaisie en robe rose et nœud rouge dans les cheveux sur PC-Engine y devient une jeune fille bien trop sérieuse au regard mélancolique ! Dernière différence mais uniquement quant à l’affrontement contre Dracula, Maria octroie des pouvoirs de guérison et de protection à Richter dans le prologue de Symphony of the Night sur Playstation et Saturn, lequel reprend le combat final de Rondo of Blood.
Fillette à sauver ou redoutable chasseur de vampires à apprivoiser ?
Transition toute trouvée pour la suite de ses aventures sur consoles 32-bits, c’est après la disparition du Belmont quelques années plus tard que Maria part à la recherche de son ancien compagnon d’armes et se retrouve dans Castlevania en 1797. Elle y tombe sur Alucard qui est venu enquêter sur la réapparition du sinistre château de son père (elle s’étonnera d’ailleurs de ne pas reconnaître les lieux), mais si elle semble ne pas voir le dhampire comme un ennemi (il aida Trevor Belmont à vaincre Dracula quelques 300 années auparavant pour rappel), elle préfère suivre sa propre route dans l’immense bâtisse et fera confiance progressivement à cet inconnu lors de leurs rencontres ultérieures. Elle demandera ainsi à Alucard de l’aider à trouver Richter qui est forcément quelque part dans Castlevania selon elle. Le fils de Dracula ayant rencontré ce héros corrompu par le Mal, la jeune femme l’implore d’épargner le Belmont et lui offre une paire de lunettes spéciales permettant de voir l’invisible. Le dhampire utilise alors cet objet pendant son combat à venir dans la salle du trône et se rend ainsi compte que le chasseur de vampires est manipulé par Shaft ! Une fois désenvoûté mais affaibli, Richter reprend ses esprits et s’échappe du château avec Maria pendant qu’Alucard part en finir avec la source du Mal. Une fois sa tâche accomplie, ce dernier retrouve les deux humains sur une colline proche du château tombant en ruines et préfère se retirer du monde des hommes mais Maria part le rejoindre.
Au passage, on notera bien que si Maria possède ses propres quêtes jouables sur Saturn et PSP, elle devra également être combattue par Alucard pour qu’il puisse obtenir les lunettes spéciales. Dans The Dracula X Chronicles, le personnage retrouve ses pouvoirs de Rondo of Blood qu’elle avait mystérieusement perdu sur la console 32-bits de Sega (où elle se bat pour ainsi dire à mains nues en ayant tout de même recours à un peu de magie), à la différence que ses animaux ont grandi comme elle, et que ses hirondelles sont devenues des chouettes !
Maria est jouable sur Saturn et PSP !
Il faudra attendre l’internet radio drama Akumajō Dracula X : Tsuioku no Yasōkyoku (NDLR : titre traduit de façon non officielle par Castlevania : Nocturne of Recollection et parfois Castlevania : Nocturne of Reminiscence) pour savoir ce qui s’est passé ensuite. Situé un an après Symphony of the Night, Maria a réussi à convaincre Alucard de vivre avec elle dans une maison en dehors de la ville mais la cohabitation n’est pas toujours facile. Un jour, elle reçoit une lettre de Richter évoquant des rumeurs au sujet d’Alucard, propos que le Belmont refuse de croire. Peu après, elle rencontre un incube appelé Magnus prétendant que le dhampire tourmenté boit du sang humain. Maria s’en prend alors à lui mais son adversaire se dérobe. Puis Alucard la plonge dans le doute en confirmant les rumeurs à son encontre ! Déboussolée, Maria s’enfuit et finit par perdre conscience après une lutte contre deux jeunes chasseurs de vampires. Heureusement, Richter la retrouve et la ramène chez elle alors qu’Alucard décide de partir affronter son diffamateur seul. Bien qu’affaiblie, la jeune femme suivra le dhampire et s’interposera face à Magnus alors que le combat tournait en faveur de ce dernier. Une fois l’incube vaincu, le fils de Dracula finira par montrer un attachement à l’encontre de celle qui a risqué sa vie pour lui.
Maria à la radio, sur console portable et en ligne !
Par ailleurs, Maria Renard retrouve sa forme d’enfant dans Portrait of Ruin sur DS ; elle y est la partenaire de Richter mais ce duo étant les héros d’une quête annexe disponible une fois le scénario principal bouclé, il n’y guère plus à ajouter à son sujet, pas plus qu’à propos des apparitions de la jeune femme dans Harmony of Despair et Castlevania Puzzle : Encore of the Night. Par contre, on s’attardera davantage sur ce que le mangaka Takeshi Obata en a fait dans Judgment sur Wii, mais non pas sur son rôle dans l’histoire étant donné que le jeu en est presque dépourvu (on sait juste que les combattants ont été enlevés à une période de leur vie non définie). Outre son accoutrement vraiment particulier entre lolita et idol japonaise s’écartant totalement des styles vestimentaires plutôt classiques qu’elle arborait jusqu’ici, on s’étonnera de la voir armée d’une sorte de perche au bout de laquelle se trouve une chouette en cage, et de l’entendre commenter la taille des poitrines de ses adversaires féminines !
Maria devient une femme-enfant sur Wii !
Pour conclure, on s’accordera sur le fait que Maria est l’un des personnages de Castlevania ayant le plus évolué au fil des épisodes où elle est présente. D’abord fillette espiègle et puissante combattante dans Rondo of Blood (croquée par Toshiharu Furukawa) – voire dans Portrait of Ruin – simple damoiselle en détresse dans Vampire’s Kiss (dessinée par Akihiro Yamada), ou jeune fille au regard triste dans The Dracula X Chronicles (réinventée par Ayami Kojima), elle grandira pour devenir une jeune femme à la fois forte et bienveillante dans Symphony of the Night (toujours illustrée par Ayami Kojima) et Akumajō Dracula X : Tsuioku no Yasōkyoku (dont le design revient à Kagero Usuba) tandis qu’on préfèrera oublier ses autres apparitions qui n’apportent rien au personnage, voire la dénaturent complètement comme la version de Takeshi Obata dans Judgment. Ainsi, Maria Renard est une héroïne particulièrement attachante, proche de Richter Belmont un peu comme s’ils étaient frère et sœur (d’armes), et sa relation ambigüe (sinon fantasmée) avec un certain Alucard n’y est pas étrangère non plus !