Avant propos :
C’était une évidence : je me devais de rejouer aux deux premiers épisodes de la trilogie Lords of Shadow avant la sortie de sa conclusion. Castlevania est l’une de mes licences préférées après tout ! Ainsi, je suis retourné fouetter du vampire et autres créatures démoniaques aux côtés des Belmont, et je dois avouer que je me suis rendu compte d’un certain nombre de choses qui m’étaient passées inaperçues lors de ma première découverte… Une prise de recul m’a ainsi permis d’aborder mon sujet dans une optique plus globale dépassant même la sphère vidéoludique, alors que je ne pensais pas le faire à l’origine ! Aussi, j’ai l’humble espoir – si ce n’est l’ambition à peine dissimulée – de présenter la trilogie Lords of Shadow sous un nouvel éclairage aux lecteurs qui se donneront la peine de parcourir ma (très) longue analyse, réhabilitant au passage un virage encore un peu mal-aimé de la franchise Castlevania, mais sans pour autant avoir la présomption de décortiquer les jeux de A à Z ni de détenir une quelconque science infuse sur la question.
Ainsi, pour mettre les choses au clair avant même de commencer ce (très) long dossier, il va m’être très difficile de ne rien révéler sur des détails importants des scénarii car rien que le dénouement du premier épisode est crucial dans la bonne compréhension de ses suites et de la trilogie dans sa globalité. Pour autant, je me suis évertué à ne révéler aucun des twists majeurs des trois jeux tout au long de ce dossier pour permettre au plus grand nombre de curieux de s’y plonger, mais il n’est guère difficile de lire entre les lignes. Vous êtes donc prévenus, je risque de spoiler à un moment ou à un autre malgré mes précautions ; aussi, tel un Belmont dans le château de Dracula, parcourez ce dossier à vos risques et périls !
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Sommaire :
Prologue : Etat des lieux et développement
Acte I : Castlevania – Lords of Shadow (2010)
- Scène 1 : Accueil et mise en bouche
- Scène 2 : Une histoire de vampire(s) ?
- Scène 3 : Un gameplay manquant de mordant ?
- Scène 4 : Castlevania, une licence occidentale ?
- Scène 5 : Lords of Shadow ou Lord of the Rings ?
- Scène 6 : Une œuvre de référence(s) ?
- Scène 7 : Dualité et proximité du bien et du mal, ou un jeu de masques
- Addendum : Reverie et Resurrection, des DLC qui valent le coût ?
- Entracte : Un Castlevania digne de sa lignée ?
Acte II : Castlevania – Lords of Shadow – Mirror of Fate HD (2013)
- Scène 1 : Une mauvaise suite à cause d’un game-design maladroit ?
- Scène 2 : Un épisode à part ?
- Scène 3 : Miroir aux alouettes ou fatalité salvatrice ?
- Scène 4 : Un miroir pour les gouverner tous ?
- Scène 5 : Un miroir du théâtre ?
- Scène 6 : Un miroir sans reflet ?
- Entracte : Un épisode charnière ?
Acte III : Castlevania – Lords of Shadow 2 (2014)
- Scène 1 : Un épisode inattendu ?
- Scène 2 : Un plan infaillible, sans l’ombre d’un doute ?
- Scène 3 : Un Castlevania ambivalent ?
- Scène 4 : Que reste t-il de nos amours ?
- Scène 5 : La malédiction de Dracula ?
- Scène 6 : Un Castlevania intrinsèquement gothique ?
- Scène 7 : L’art du clin d’œil au service du background ?
- Addendum : Des Revelations qui pèsent sur le ressenti final ?
- Dénouement : Une conclusion à la hauteur du mythe ?
Epilogue : Une trilogie qui fera date ?
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Prologue : Etat des lieux et développement
Riche d’une longue lignée de jeux depuis 1986, Castlevania (de son titre original Akumajo Dracula, littéralement « Le Château Démoniaque Dracula ») a connu une très nette évolution dans son approche, des premiers épisodes orientés action/plate-forme sur consoles 8 et 16 bits jusqu’à la rupture de Symphony of the Night sur Playstation et Saturn misant – avec succès – sur une exploration poussée mâtinée d’ingrédients propres aux RPG. Mais c’est le passage de la 2D à la 3D qui aura été laborieux, les épisodes sur Nintendo 64 comme ceux sur Playstation 2 (sinon Xbox) n’ayant guère convaincus les fans, une malédiction du Prince des Ténèbres sans doute…
Aussi Konami décida qu’il fallait du sang frais pour redonner un coup de fouet à sa prestigieuse licence qui commençait un peu à tourner en rond il faut bien l’avouer… L’idée d’un reboot fût donc de mise et confier Castlevania à un studio européen quasiment inconnu aura été très probablement le plus gros risque de l’éditeur. En effet, les Espagnols de MercurySteam étaient jusqu’ici auteurs de quelques jeux plutôt obscurs (que ce soit dans leur ambiance ou leur popularité !) variant entre RPG et FPS mais toujours avec un goût prononcé pour le fantastique (au sens large du terme), le plus connu d’entre eux étant Clive’s Barker Jericho (sorti sur Playstation 3 et Xbox 360 en 2007).
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=P3xlTkllMF8]
Démo technique de MercurySteam proposée à Konami qui donna son feu vert au projet après l’avoir vue !
La décision de Konami avait donc de quoi surprendre, d’autant plus que privilégier une approche européenne dans une remise à plat de la licence faisait quand même grincer pas mal de dents, et c’est pourquoi le chaperonnage du papa de Metal Gear Hideo Kojima – autrement dit le créateur de jeux le plus occidental de la firme nipponne – a été rapidement de mise pour rassurer les fans…
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=bC8Z0IVugoI]
Premier trailer à la Gamescom de 2008 où le jeu n’était pas encore officiellement affilié à Castlevania…
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